Le riche homme qui détestait les trains

On m’a récemment transmis le passage d’un livre décrivant les comportements fantasques d’un personnage qui, à l’époque, figurait parmi les plus importants contributeurs fiscaux de notre village.

L’histoire se situe au XIXe siècle, au moment de l’arrivée du train dans la région. La compagnie chargée de la construction de la voie ferrée fait face à des difficultés avec un riche propriétaire refusant le passage du train sur ses terres. Cependant, après moult négociations, ledit propriétaire accepte finalement, à condition que deux ponts soient construits pour faciliter l’accès à son petit château.

Une ancienne vue aérienne en monochrome avec, entourés de rouges, deux ouvrages qui traversent une voie de chemin de fer que l'on distingue à peine.
Sont signalés les deux ouvrages construits au dessus de la voie ferrée et qui permettent de rejoindre la route qui la longe.
Source : IGN / Géoportail

Que de bruits mes amis

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le propriétaire, bien entendu, ne supporte pas le bruit généré par le passage du train à proximité de sa résidence.

Dans un premier temps, il a l’idée de concurrencer la voie ferrée en mettant à disposition du public une diligence gratuite pour effectuer le trajet jusqu’à la ville la plus importante du département. Son objectif est de faire chuter les revenus du réseau ferroviaire, mais comme vous pouvez l’imaginer, cette tentative échouera et notre homme renoncera rapidement.

Par la suite, il décide de dissimuler le bruit de la locomotive sous le tumulte généré par son propre « personnel ».

Ainsi, la cuisinière (qu’il remplacera, la jugeant trop légère pour la tâche) est chargée de faire sonner une énorme cloche lors du passage du train. Simultanément, il rémunère un joueur de tambour dont la mission est de créer le plus grand vacarme, tandis que lui-même tire de temps à autre quelques coups de feu pour parfaire cette ingénieuse dissimulation de l’objet tant détesté.

Et bien évidemment, tout cela amuse grandement les cheminots, qui ne manquent pas, à leurs passages, de faire siffler leur machine au rythme des tambours.

Voici l’histoire insolite que je souhaitais vous rapporter, mais l’ouvrage duquel elle est tirée en comporte d’autres au sujet de ce brave homme. Un jour, il fut retrouvé mourant, et jamais on ne sut qui était son assassin. Mais rassurez-vous, il avait bien des ennemis, et cette histoire de trains n’a absolument rien à voir avec son décès.

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